Strega signifie à l'origine « sorcière » en corse, et désigne par extension quelqu'un d'antipathique ou d'étrange. L'école du même nom, installée dans le village de Santa Maria Siché au sud-ouest de l'île de beauté, est pourtant tout l'inverse. Si ses discrètes lignes contemporaines ne la trahissait pas, on pourrait croire qu'elle a toujours fait partie du paysage, tant elle y est intégrée.

À Santa Maria Siché, au milieu des chênes centenaires s'étire la discrète école A Strega livrée cette année par la Corse Amelia Tavella, couronnée du Prix de la Jeune Femme Architecte en 2016 et distinguée par l'Académie des Beaux-Arts en 2017.
Lorsque cette « fille du pays » répond au concours lancé par la commune de Santa Maria Siché, qui souhaite délocaliser le groupe scolaire du village d'une capacité d'accueil de 80 élèves vers un nouveau pôle d'activités, la future maître d'œuvre du projet ne connaît pas encore le site, « mais j'étais familiarisée avec ce contexte très naturel corse, étant originaire d'une commune voisine », livre-t-elle. Des racines qu'on n'oublie pas et qui l'ont menée en toute logique vers des lignes de composition entrant fortement en résonnance avec ce territoire si particulier. Des montagnes elle reprend les crêtes rocheuses, réinterprétées dans une sur-toiture climatique permettant une ventilation naturelle des espaces. Des forêts alentour, elle garde le bois, qu'elle dispose aussi bien pour la structure en OSB de contrecollé de Douglas que pour le bardage à clairevoie composé de tasseaux de 6 centimètres par 8 en pin – Douglas pour les éléments verticaux et Sylvestre traité en autoclave pour les pièces horizontales.

« J'ai un amour et un respect infinis pour ces sites remarquables en Corse, ayant passé mon enfance, notamment à travers la pratique de l'équitation, à les arpenter, les découvrir. » Amelia Tavella, architecte

Le bâtiment est ainsi implanté au sud de Santa Maria Siché, à proximité d'un terrain de sport couvert construit en 2010. Sur ce site légèrement en pente sur son flanc ouest, la conceptrice installe un édifice de plain-pied de 1 200 mètres carrés : un monolithe de 71 mètres de long desservi par un couloir longitudinal et délicatement intercalé entre deux chênes centenaires – l'un côté entrée, au nord ; l'autre au sud vers la cour de récréation. Ces pièces végétales remarquables sont adjointes de deux excroissances bâties en granit coiffées d'un toit plat végétalisé. Les deux ailes cubiques, discrètement insérées sous un massif houppier apportant une ombre bienvenue, hébergent au nord les locaux des professeurs et au sud une salle polyvalente. Cette dernière, point central de l'ensemble servant aussi bien à la classe maternelle disposée, tout comme le réfectoire, à l'est ; qu'aux trois salles réservées aux élèves de primaire positionnées à l'ouest. Un tout unifié sous une sur-toiture en bois à deux pans qui reprend le profil des massifs environnants. Les tasseaux de cette ombrière se prolongent en débord de toiture au sud pour former des brise-soleil, et habillent la totalité de la façade nord afin de se fondre dans le paysage et de limiter les regards sur ce lieu d'apprentissage tout de blanc et de bois vêtu en intérieur. Un travail indispensable pour ne pas offrir de vues ingrates depuis les hauteurs sur cette cinquième façade.

Une échelle et une matérialité profondément ancrées dans le paysage, dont les bambins peuvent s'imprégner au quotidien grâce à de larges baies coulissantes.

Le projet est sélectionné pour les ADC Awards 2019 dans la catégorie Architecture & Paysage / Maternelle, primaire secondaire

Pour en savoir plus, visitez le site des ADC Awards et d'Amelia Tavella Architectes.

Photographies : Stéphane ABOUDARAM | WE ARE CONTENT(S)



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