Depuis plus d'un demi-siècle, les luminaires de Serge Mouille peuplent magazines de décoration, showrooms de design et autres intérieurs branchés. Mainte fois imitées, mais jamais égalées, les fameuses « formes noires », dessinées entre 1952 et 1962 par le créateur français, continuent de fasciner. Bienvenue à Château-Thierry (02), dans l'usine où les lampes du maître sont fabriquées.

Si Serge Mouille (1922-1988) est mondialement connu pour ses luminaires, le créateur se voyait pour sa part comme un professeur ; un professeur de créations métal de l'école Nationale Supérieure des Arts Appliqués de Paris, dite Olivier de Serres. L'Histoire ne retient pourtant que les séries noires de celui qui était orfèvre à l'origine, bien que celles-ci n'aient occupé qu'une dizaine d'années de sa vie. Un succès planétaire plus improbable encore, puisqu'il est issu d'une commande imprévue, passée par Jacques Adnet, directeur de la Compagnie des Arts Français, qui lui demande en 1951 de réaliser un lampadaire à trois bras. L'artisan était devenu artiste.

« J'ai chez moi un très beau lampadaire de Serge Mouille. J'ai été séduit car ce créateur avait le sens de l'emploi du métal, du tube d'acier, avec lequel il réalisait des luminaires d'une finesse extrême dont les silhouettes confinaient au graphisme. » Jean Prouvé, designer industriel

Les pièces, fabriquées à l'origine dans la maison de Serge Mouille, dans l'Aisne, le sont dorénavant non loin de là, à Château-Thierry, dans des ateliers de 600 mètres carrés. Chaque année ce sont entre 1 700 à 1 800 lampes qui sortent du lieu avant d'être commercialisées dans le monde entier – à titre d'exemple, l'iconique lampe Pipistrello de Gae Aulenti est produite à 3 000 exemplaires par an par la marque Martinelli Luce, rien que pour la France. Ici 17 employés, dont un des anciens élèves de Serge Mouille, continuent donc de donner vie aux lampes à poser, lampadaires, appliques, suspensions, colonnes lumineuses et autres torchères, inspirées de seins, yeux, mollusques, araignées et escargots.



Sous leurs mains expertes tubes en acier, plaques en aluminium et rotules en laiton sont assemblées, soudées, poncées, vérifiées, etc. Car, les 35 modèles originaux édités à Château-Thierry, n'ont quasiment pas changé depuis leur création, seules quelques petites adaptations ont été réalisées : l'angle de rotation de la rotule a été réduit à 270 degrés pour des raisons normatives. Les éditions Serge Mouille, créées en 1999 à l'initiative de l'industriel Claude Delpiroux et de la veuve du concepteur, Gin Mouille, dans le but de perpétuer l'œuvre du maître, s'autorisent également à raccourcir un bras qui serait par exemple trop long, si nécessaire.

En somme, une aventure qui, malgré la disparition de Serge Mouille, n'est pas prête de s'arrêter.

Pour en savoir plus, visitez le site de Serge Mouille éditions

Photographies : DR



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