Rencontre avec : India Mahdavi Du Moyen-Orient dont elle est originaire, à Paris où elle réside, l'insaisissable architecte et designer India Mahdavi, s'est confiée à Muuuz sur sa pratique du métier, si singulière, unique ; et sur sa production éclectique, à l'image d'une artiste voguant de continent en continent aux grés des vents.Muuuz : Aucune de vos réalisations ne ressemble à une autre, pourtant, lorsque l'on observe l'ensemble de votre travail, un style unique se dessine. Comment définiriez-vous votre patte ?India Mahdavi : Pop, polychrome, polyglotte. Vous entretenez un rapport fort à la couleur et vous situez à mille lieux des intérieurs épurés qui ont le vent en poupe. Comment travaillez-vous ce « matériau » et pourquoi ce parti pris ?La couleur est pour moi un langage, une forme d'expression. Elle est liée à mon enfance, à toutes les villes où j'ai vécu, de Cambridge Massachussets (USA), à Vence (06) dans le Sud de la France. Je pense, je vis en couleur.« Ce n'est pas un parti pris, c'est un point de vue, un point de vie. » India Mahdavi, architecte et designerVous êtes née à Téhéran (Iran) d'un père iranien et d'une mère égyptienne, vous avez vécu à Cambridge (USA), à Heidelberg (Allemagne), à Vence (06) et à Paris, étudié à New York – Cooper Union, School of Visual Arts et Parson Academy. Comment toutes ces influences impactent-elles votre processus créatif et de quelle(s) manière(s) les retrouvent-ont dans votre travail ?Toutes ces influences m'ont nourrie, elles m'ont construite. Mes créations s'en ressentent, sans doute, parce que cette enfance nomade a fait que j'ai toujours aimé inventer des moments, comme on raconte des histoires. J'étais celle qui venait d'ailleurs, et finalement j'ai appris dans l'exil des leçons qu'on n'apprenait pas à l'école : une certaine manière de considérer la vie comme une récréation permanente. D'où ces espaces libres, ces formes colorées, rondes, protectrices et joyeuses, je pense bien sûr à ces meubles, ces objets conçus comme des familles, les Bishop ou les Bluff, qui s'assemblent, se placent et correspondent les uns aux autres.Concernant le Moyen-Orient, vous étiez membre du comité de sélection de la première édition de la Beirut Design Fair. Quel rôle pensez-vous que cette région a à jouer dans la scène mondiale du design et de l'architecture ?Je pense sincèrement que cette région a un rôle à jouer pour le futur. Parce que l'attachement à la terre, à la lumière, à des gestes ancestraux, y cohabite avec les technologies les plus poussées. La tradition peut se réinventer sans se parodier, elle est nourrie par la mémoire populaire, et par le fait qu'elle se transmet, de génération en génération, autour de l'art de vivre notamment. En Orient, on sait encore recevoir. On sait encore vous dire « Soyez le bienvenu ».Quelles créations vous ont le plus marquée lors de cet événement ?Le travail d'Anastasia Nysten qui a remporté le Talent Award pour sa Troll Chair, parce qu'elle exprime la générosité de l'Orient et qu'elle a su réinterpréter un pouf, cet objet a priori un peu mou et nonchalant auquel elle a su donner une structure. Comment imaginez-vous le design et l'architecture d'intérieur de demain ?J'imagine que la réalité augmentée coïncidera avec des expériences singulières, liées à des émotions, des rencontres, des désirs, à un savoir-faire, à tout ce qui peut résister à la standardisation des lieux, des comportements. L'architecture, comme le design, sont d'abord des réponses sensibles, humanistes, à des questions, irréductibles au formatage et au lissage.Pour en savoir plus, visitez le site d'India MahdaviPhotographies :1) Portrait d'India Mahdavi © Paolo Roversi2) The sketch, Londres (Royaume-Uni) © Rob Whitrow3 et 6) True Velvet, Pierre Frey © DR4) Bishop © DR5) Bluff © DR7) Valentino, Londres (Royaume-Uni) © courtesy of REDValntino8) Ladurée, Genève (Suisse) © Julian9) Ladurée, Genève (Suisse) © Annik Wetter10) Ladurée, Genève (Suisse) © Julian Schlosser - Taka production8) Troll, Anastasia Nysten © DR Précédent Suivant