Événement : « De l’immersion à l’osmose, Chaosmose #2 » Faisant suite à une saison développée autour de la cosmomorphie en 2016 par le laboratoire Espace Cerveau – initié par Ann Veronica Janssens et Nathalie Ergino –, le Château de Rentilly (77) accueille aujourd'hui l'exposition « De l'immersion à l'osmose, Chaosmose #2». Un événement qui propose une rencontre entre Terre et cosmos, dans un contexte spatial minutieusement étudié.Qui dit château ne dit pas nécessairement Versailles. En effet, bien qu'entouré de jardins à l'anglaise et à la française, le Château de Rentilly semble plus provenir d'un film de science-fiction que d'un roman de cape et d'épée. Restauré en 2014 par l'agence Bona - Lemercier, associée au plasticien Xavier Veilhan et au scénographe Alexis Bertrand, l'ensemble traduit littéralement la célèbre galerie des glaces de Louis XIV grâce à une double peau en inox et miroir sans tain enveloppant la totalité de l'édifice d'après-guerre.Si le lieu avait déjà éblouit – et c'est le cas de le dire ! – la rédaction de Muuuz lors de l'exposition « L », c'est désormais avec une toute autre manifestation organisée par le frac Ile-de-France que Rentilly a su attirer notre attention...Le château, deuxième espace d'exposition du frac, accueille cette fois-ci des réalisations conceptuelles issues de l'Institut d'Art contemporain Villeurbanne / Rhône-Alpes – qui comporte 1800 créations d'artistes français et internationaux –, et de collections privées dans un projet au nom énigmatique. « De l'immersion à l'osmose, Chaosmose #2 » dirigé par Nathalie Ergino propose une rencontre entre patrimoine et expérimentations en un musée ouvert dédié à l'innovation contemporaine. Une exposition en lien avec ses murs qui propose un parcours sensible autours d'une sélection d'œuvres « cosmomorphes », retraçant un lien labile entre les formes vivantes et non-vivantes composant notre monde.L'exposition se déroule en deux parties, étalées sur les deux niveaux d'exposition du château. En entrant à l'accueil par le sous-sol, le visiteur accède au premier niveau, intitulé « Immersion ». La pièce longiligne et sombre, dont les ouvertures aux filtres opaques isolent le spectateur du monde extérieur, permet de concentrer l'attention sur les œuvres, pour la plupart photographiques et vidéographiques de ce rez-de-chaussée. Ainsi, le visiteur est plongé dans un macrocosme du vivant saisissant, tantôt confronté à une gestuelle sensible et improbable – comme c'est le cas avec le travail sculptural de Joachim Koester (Variations of Incomplete Open Cubes, 2011, filmé en 16mm) –, tantôt immergé dans un univers organique filmé à une telle échelle qu'il semble documenter un monde chimérique, pourtant bien (Voyage au centre de Michel Blazy et Présage 04/10/2014 22h09 de Hicham Berrada)Le lieu opère, grâce à ces changements d'échelles, des allers-retours entre corps et conscience. Une sensation accrue lorsqu'il est confronté à l'espace central de la salle, constituant une allégorie du white cube. Inondé d'une lumière qui imite en temps réel l'ambiance extérieure du château, l'amateur d'art est ici confronté à une œuvre onirique, le Jardin psychique de Berdaguer & Péjus, éclairée par une multitude de néons.Cet espace fait écho au deuxième niveau de l'exposition, consacré cette fois ci à l' « Osmose », reproduction en négatif de son voisin du dessous. Le visiteur retrouve ainsi, au milieu d'un espace lumineux, une pièce noire dans laquelle un film de Daniel Steegmann Mangrané, Spiral Forest (Kingdom of All the Animals And All the Beasts Is My Name) est projeté. Ce deuxième temps contraste explicitement avec la première étape de l'exposition grâce notamment à de grandes ouvertures rendues possible par la surélévation du niveau qui connectent les œuvres exposées à l'environnement extérieur. La scénographie particulière passe également par un traitement acoustique en partie orientale, permettant ainsi de connecter les travaux graphiques de Giuseppe Penone et de Minot – Gormezano au dispositif sonore de Maria Thereza Alves, Chanson Florale (2018). Un panel d'expression artistique large permettant aux spectateurs d'apprécier la manifestation immersive à travers tous leurs sens.La particularité de cette exposition est qu'elle adapte ses horaires à l'exposition lumineuse changeante des saisons. « Chaosmose », qui aura lieu jusqu'en juillet, verra donc ses horaires d'ouvertures modifiées en conséquence.De quoi se fondre sans crainte dans le chaos du monde.Pour en savoir plus, visitez le site du FRAC Ile de FrancePhotographies : 1) DR2) Joachim Koester, Variations of Incomplete Open Cubes, 2011, Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes, Photo Blaise Adilon3) Hicham Berrada, Présage 04/10/2014 22h09, 2014, Courtesy de l'artiste et Kammel Mennour4) Michel Blazy, Voyage au centre/ Green Pepper Gate / Le multivers, 2002-2003, Courtsey de l'artiste et Art : Concept5) Ann Veronica Janssens, Rouge 106 - Bleu 132 (Scale Model), 2003-2009, Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes6) Minot - Gormezano, Antres VI, 1, 10, 20/09/1985, Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes, Photo Yves Bresson/ Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole7) Giuseppe Penone, Propagazione, 1995, Collection Frac Corse8) Maria Thereza Alves, Chanson Florale, 2018, Courtesy de l'artiste et de la galerie Michel Rein9) Photo Muuuz Précédent Suivant