« Together! La nouvelle architecture communautaire », acte 2. Après le Vitra Museum de Weil am Rhein (Allemagne), c'est au tour du CID, Centre d'innovation et de design du Grand-Hornu (Belgique), d'accueillir cette exposition montée par les architectes et historiens Ilka et Andreas Ruby et l'agence d'architecture suisse EM2N. Une expérience immersive dans le logement communautaire d'hier et d'aujourd'hui à découvrir jusqu'au 1er juillet 2018.

Cette année, c'est donc à la Belgique d'accueillir l'exposition « Together! ». Un titre évocateur, que nous ne ferons pas l'affront de traduire ici. Une analyse du vivre ensemble résumée par un nom, suivi d'un point d'exclamation qui pourrait faire croire à une injonction alors qu'il indique au contraire l'évidence : allons ensemble citoyen !

Une épopée en quatre actes livrée dans l'imposante halle du CID, réservée au stockage du foin durant le XIXe siècle, au sein de l'ancien complexe minier du Grand-Hornu. L'ensemble est classé patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2012 et est aujourd'hui reconverti en lieu d'art et de culture. Un endroit qui fait sens, puisqu'il a par ailleurs été édifié au même moment que la cité ouvrière voisine composée de 450 maisons en bande avec jardin, répondant aux idéaux de vie communautaire de son propriétaire : Henri De Gorge, un industriel paternaliste et philanthrope.

Dans un premier temps, les commissaires proposent de revenir sur l'histoire de ces utopies pas si utopiques à travers le monde, du XIXe à la fin du XXe siècle : du phalanstère de Guise (02) érigé par Charles Fourier pour Jean-Baptiste Godin – créateur des poêles du même nom –, au squat suisse de Wohlgroth à Zurich (Suisse) ayant été occupé par une centaine de personnes dans les années 1990. Trente exemples présentés sous forme de panneaux explicatifs courts ou de vidéos et accompagnés de bulles de BD suspendues donnant quelques clés de compréhension pour le visiteur, permettent de mieux cerner les tenants et aboutissants de telles opérations ; indiquant par exemple qu'« Après la Seconde Guerre mondiale, le modèle [du logement] évolue. Son but est d'intégrer les fonctions urbaines à l'habitat ». Des modèles qui se sont « en grande partie soldés par des échecs, face aux individualismes », explique Marie Pok, directrice du CID.



Puis, 21 maquettes d'une cité imaginaire, réalisées par l'agence EM2N et disposées à hauteur d'yeux, laissent imaginer ce que serait une ville dont tous les rez-de-chaussée des bâtiments seraient publics.
Des modèles réduits qui introduisent la troisième séquence de l'événement, où une reproduction d'habitat partagé à l'échelle 1:1 a été imaginée par les commissaires et mise en scène par l'architecte Lionel Jadot et la société Cohabs proposant ce type d'opérations sur le territoire belge. Cet ensemble de pièces, dont certaines sont tronquées, constitue un exemple à taille réelle de l'application concrète et contemporaine de principes de vie en communauté, où chacun des quatre habitants accepte de diminuer sa surface de plancher personnelle au profit d'une autre : collective cette fois.

« L'offre immobilière a peu changé sur le marché (...). Elle correspond à d'anciens modes de vie. Nous avons besoin d'alternatives. C'est ce que montre l'exposition : la faisabilité d'une alternative. » Lionel Jadot, architecte

Et si le visiteur n'est pas convaincu, il ne lui reste plus qu'à consulter les études de cas réalisées partout dans le monde, montrées à la fin de l'événement, tels que le projet R50 construit en 2013 à Berlin (Allemagne), où les résidents ont conçu main dans la main avec les architectes Ifau et Jesko Fezer + HEIDE & VON BECKERATH leur appartement et ont décidé conjointement de réserver un hall en double-hauteur aux activités de la communauté. À découvrir également, l'ensemble Sargfabrik, installé dans la capitale autrichienne ; un projet lancé dans les années 1980 par une bande de copains et qui a abouti en 1996 à la réalisation d'un immeuble-village semi-public composé de 75 unités de 45 mètres carrés, avec de multiples espaces partagés comme une toiture plantée, un restaurant ou une piscine ouverte 24/24h – un service auquel la plupart des locataires n'aurait pas pu prétendre seuls. À Séoul (Corée du Sud), l'opération Songpa de l'agence américano-coréenne Ssd rassemble depuis 2014 sous une enveloppe métallique à clairevoie, 16 micro-logements modulaires de 12 mètres carrés chacun pouvant être réunis. De petits espaces de vie individuels compensés par des surfaces interstitielles librement appropriables, auxquelles se mêlent une galerie d'art, un café et un magasin de jouets. « En étant inventifs, les gens trouvent des solutions pour répondre aux manquements du marché », résume, sourire aux lèvres, Andreas Ruby.

Nous laisserons ainsi le mot de la fin au commissaire : « si on regarde l'histoire, c'est notre modèle qui est inhabituel » !

« Together! La nouvelle architecture communautaire », jusqu'au 1er juillet 2018 au CID, Grand-Hornu (Belgique)

Pour en savoir plus, visitez le site du CID

Photographies :
01) Maquette d'une ville collective, Together! © Hannes Henz Architekturfotograf
02-10) Together! au CID © Tim van de Velde
11) Familistère de Guise, 1890 © Collection Familistère de Guise
12) R50, Ifau et Jesko Fezer + HEIDE & VON BECKERATH © Andrew Alberts
13) Sargfabrik, Vienne (Autriche), 1992-1996, BKK-3 © stadt Wien-ma-18-r-Christanell
14-15) Sargfabrik, Vienne (Autriche), 1992-1996, BKK-3 © Hertha Hurnaus
16) Micro-logements Songpa, Séoul (Corée du Sud), 2014, Jinhee-Park/Ssd



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