Dans le quartier historique de High Park à Toronto, connu pour ses maisons à pignon edwardien, se détache la Westminster Residence, une réalisation de Batay-Csorba Architects. Cette résidence d'angle réinterprète les codes architecturaux traditionnels en explorant des volumes plus modernes. Sous un toit pentu recouvert de tuiles en terre cuite, le projet investit l'espace d’un grenier pour créer des volumes intérieurs d'une hauteur impressionnante. Le toit à double pente, accentué par des puits de lumière, façonne des espaces cathédrale ouverts et lumineux.

L'entrée principale est marquée par une avancée flottante en acier, servant de seuil semi-privé. Ce choix d’aménagement révèle l'attention portée aux transitions spatiales, où l’extérieur sombre et compressé prélude à des volumes intérieurs lumineux et expansifs. Sur le rez-de-chaussée, une vaste terrasse couverte prolonge l'espace habité vers un jardin privé. À l'étage, la chambre principale, abritée dans un haut épi de toit, donne sur ce jardin grâce à une grande loggia protégée par un brise-soleil monumental de six mètres.

L’ensemble architectural repose sur un jeu de volumes sombres et monolithiques : un bas corps habillé de briques sombres, un toit triangulaire massif en pierre et des épis de toit rectilignes. Le toit principal, en porte-à-faux asymétrique, abrite un carport et une terrasse latérale, conférant une dynamique inattendue à cet agencement apparemment simple. Les épis de toit adoptent des postures opposées, l’un ancré à la façade ouest, l’autre suspendu au-dessus du carport à l’est.

Les matières employées participent à cette dualité entre ambiance sombre et refuge lumineux. Le noyer teinté, le travertin brut et le béton brut s’opposent à des murs chaulés clairs, des sols en chêne blanc noueux et des tissus en lin doux. Ce contraste se prolonge dans la perception des espaces : les passages des volumes compressés et caverneux à ceux inondés de lumière révèlent une narration architecturale subtile.

Les matériaux extérieurs, choisis pour leur patine naturelle, s’harmonisent au paysage de sedums à faible entretien. Le toit de tuiles en terre cuite texturées, les briques pressées à la main et les parements en bois brossé confèrent à la maison une personnalité à la fois enracinée et contemporaine. Une cour privée en sous-sol, orientée plein sud, prolonge cet usage judicieux de l’espace extérieur tout en assurant l’intimité des occupants.

Achevée en juillet 2024, la Westminster Residence est l’œuvre d’une équipe dirigée par Jodi Batay-Csorba et Andrew Batay-Csorba. Les collaborateurs incluent également Sacha Milojevic, Jacob Henriquez et Myles Bury. Le projet bénéficie des compétences d’ingénieurs structuraux et mécaniques, ainsi que d’un aménagement paysager signé Gravenor Landscape Design. Chaque détail, du mobilier aux luminaires, contribue à un ensemble résolument cohérent.

 

Visuels © : Doublespace Photography



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