Bien que l'exposition proposée par le Musée d'Art moderne et contemporain de Saint Etienne (42) soit visible depuis le 1er décembre 2018, l'événement est aujourd'hui à apprécier à travers le prisme de la Biennale de design qui secoue la métropole depuis le 21 mars dernier. L'occasion pour nous de revenir sur les derniers jours d'une exhibition retraçant l'histoire de l'ornement dans la discipline.

« Design et merveilleux » : un titre chimérique qui nous encourage à imaginer du mobilier fantasque, entre objets sensibles et œuvres d'art. Tout aussi merveilleuse, la mention qui accompagne cet intitulé précise le parcours de cette exposition – fruit de la collaboration entre le Centre Pompidou et le MAMC de Saint Etienne –, et nous renvoie au faste de l'Antiquité et aux dorures de l'Art Nouveau.

Depuis toujours, l'ornement dialogue avec la nature, magnifiant ses arabesques dans les constructions humaines. Souvent accompagné d'un travail d'orfèvre, ce qui constituait une grande partie des décors avant le XXème siècle tend à s'effacer sous le poids des nouvelles logiques de production. « Kitsch », « ringard » et « dépassé », l'ornement n'a plus sa place dans les aménagements contemporains. Un constat qui durera jusqu'aux années 1980, période où les fioritures reprendront leur place de choix sous l'impulsion du groupe milanais dit « de Memphis ». C'est ici que commence l'histoire contée par les commissaires de l'exposition, Marie-Ange Brayer et Martine Dancer-Mourès.

Rassemblant une centaine d'œuvres, l'exposition se divise en plusieurs chapitres : La nature comme ornement, Fractales, Arabesques, Ornement et numérique, Le merveilleux et Évanescences. Le tout est rassemblé autour d'un cabinet de curiosité mettant en lumière les correspondances entre design et nature.
Un parcours thématique au sein duquel le spectateur découvre dans un premier lieu des ouvrages intégrant littéralement des éléments naturels dans leur conception. Le visiteur est alors confronté au Banc Animali domestici réalisé par Andrea Branzi en 1985 – constitué d'une assise en bois laqué et d'un dossier fait de branches de boulot irrégulières –, ainsi qu'au Fallen Tree imaginé par le designer français Benjamin Graindorge en 2011 dont l'assise se ramifie en branches, degré zéro de l'ornement comme inspiration naturelle. Les commissaires s'intéressent par la suite à la figure de la répétition primitive où l'on découvre la Diamond Chair du studio nendo (2008) qui reprend, grâce à une conception numérique, les fractales du flocon de neige. La balade se poursuit avec le motif de l'arabesque, présent dans l'art islamique, les ouvrages médiévaux ou encore de l'Art Nouveau. Ces courbes et contre-courbes ont également inspiré des grands noms de la création contemporaine comme Frank Gehry dont le fauteuil Cross Check, conçu en 1992, est ici présenté. Composé d'une unique bande enroulée dans l'espace, le siège relève de la prouesse architecturale et propose une interprétation sculpturale de l'arabesque.

Les étapes qui suivent s'éloignent doucement de cette interprétation littérale de l'ornement inspiré de la nature pour se pencher sur des interprétations plus libres, ancrées dans une époque contemporaine. Ainsi, dans la section Ornement et numérique, l'amateur de design est confronté à des ouvrages réalisés grâce aux technologies numériques qui confèrent à l'ornement une nouvelle dimension. Nous retrouvons ainsi la Chaise Solid C2 (2004) signée Patrick Jouin réalisée grâce à un prototypage rapide et inspiré des processus biologiques. Toujours dans une destination plus conceptuelle, l'événement nous plonge par la suite dans un univers merveilleux grâce à des approches iconoclastes de l'ornement. Les différents ouvrages sont ainsi présentés en résonnance avec le film Virtual Interiors produit en 2013 par Marcel Wanders et proposant un lieu utopique au sein duquel le temps n'a aucune emprise sur l'environnement architectural. La visite se conclue sur la thématique des évanescences, quintessence de la rencontre entre nature et artifice, où le célèbre Fauteuil Miss Blanche de Shiro Kuramata dialogue avec les tirages numériques sur papier d'Alisa Andrasek.

Un voyage à travers l'histoire du design où dialoguent art et quotidien, nature et merveilleux.

Pour en savoir plus, visitez le site du Musée d'Art moderne et contemporain de Saint Etienne

Photographies :

1) Marcel Wanders, "Bon Bon Chair", 2010. Centre Pompidou, Paris - MNAM-CCI. Photo : Marcel Wanders studio ©  M. Wanders

2) Vue de l'exposition "Design et merveilleux". Photo : Blaise Adilon, 2018.



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