La galerie Molin Corvo présente "Gravé dans le marbre", la 1ère exposition personnelle de Fabrizio Saracino Fabrizio Saracino a entrepris de conserver la mémoire des mots de nos politiciens en les écrivant dans une langue universelle, le latin, afin qu’ils demeurent. Forçant le trait, il les grave dans le marbre. L’oxymore est total. Tout oppose la matérialité du support à l’évanescence du propos, l’antiquité d’une concrétion millénaire à la fugacité d’un trait, la préciosité du marbre à la trivialité d’une saillie. Promises à l’oubli, ces phrases sont désormais vouées à la postérité. Leur éloquence s’en trouve renforcée, leur pérennité assurée, leur vacuité notifiée. Frappé du coin de l’ironie, le propos de l’artiste est de souligner, en creux, l’incurie de la parole politique. En la magnifiant par une graphie latine burinée dans les marbres les plus raffinés, il l’inscrit dans l’Histoire.Plus poétique que politique, l’œuvre de Fabrizio Saracino réside aussi dans la beauté des pierres sélectionnées dont les noms précieux renvoient à autant de couleurs irisées ou moirées. Plus critique qu’historique, son œuvre joue néanmoins avec la notion de monumentalité. Par les dimensions et la nature même du support, il interroge notre rapport à la mémoire et sauve in extremis ces salves d’anthologie d’une damnatio memoriae. Né en 1964 à Neuilly-Sur-Seine, Fabrizio Saracino a été initié à l’art jeune par son père, lui-même photographe amateur. A présent, il met sa sensibilité et son observation critique du monde actuel au service de son travail d’artiste. Rodé en effet à la maîtrise du mot, de la phrase qui accroche ; celle qui reste : le slogan qui suscite l’émotion, il propose aujourd’hui avec "Gravé dans le marbre" un regard d’observateur citoyen moins critique que témoin. Témoin de son temps, spectateur du théâtre politique et des fulgurances verbales de ses multiples personnages au fil des décennies. Inscrits à même la pierre, forts de leur splendeur ou de leur aberration, les mots d’un instant résonnent à présent dans l’éternité. Ici l’engagement de l’artiste n’a pas de couleur, il n’appartient à rien et se fait la critique universelle d’une époque. Ainsi, qu’elle fût choquante ou admirable, Fabrizio Saracino immortalise en latin cette parole médiatique emprisonnée pour toujours dans la noblesse du marbre. "Gravé dans le marbre"Exposition du 7 avril au 27 mai 2023Galerie Molin Corvo16, rue des Saints-Pères, 75007 Paris Visuels © : Grégoire Machavoine Précédent Suivant