Carmen Mariscal : Chez Nous Le 12 mars, l’artiste mexicaine Carmen Marisca installait son œuvre « Chez Nous » place du Palais-Royal à Paris (1er arrondissement). Comment pouvait-elle prédire que, cinq jours après, la France entière serait, elle aussi, condamnée à rester « chez elle » ? Retour sur une œuvre prémonitoire dont le sens a évolué avec son temps.Dressée dans l’espace public, une maison de trois mètres de haut offre une seconde vie aux grilles du pont de l’Archevêché, connu pour accueillir les cadenas gravés des touristes amoureux. Une œuvre poétique qui invitait au départ à la réflexion sur les liens entre amour et foyer. Aujourd’hui campant dans le paysage désert de la capitale, l’installation monumentale prend un tout nouveau sens et devient, malgré elle, le symbole d’un confinement national inédit.Pensée il y a six ans pour prendre place en plein coeur de Paris et être admirée par la foule de gens qui s’y pressent, « Chez Nous » vit dans les faits à un tout autre rythme. Celui d’une capitale plus lente, mais aussi plus contemplative. Point de touristes croisant rapidement la maison sur le chemin du Louvre, mais des Parisiens heureux de leur marche quotidienne et ravis de pouvoir réfléchir un instant sur le travail de la plasticienne mexicaine.Mais si la demeure fictive est devenue un des symboles du confinement, son message premier reste malheureusement d’actualité. « Quand ils ont annoncé le confinement, je me suis dit que ça allait être encore plus catastrophique pour toutes ces femmes et ces enfants qui sont enfermés avec leurs bourreaux » confie l’artiste. Car si le fait de rester chez soi apparaît comme une pause bienvenue pour un grand nombre d’entre nous, ne pas pouvoir s’échapper d’un environnement violent reste une réalité à ne pas négliger. Un combat cher à l’artiste qui a d’ailleurs lancé une campagne d’appel au dons pour soutenir deux associations, Aurore – une organisation française –, et Espacio Mujeres – une structure mexicaine.Une œuvre plus complexe qu’il n’y paraît.Pour en savoir plus, visitez le site de Carmen MarsicaPhotographies : DRZoé Térouinard Précédent Suivant