Après deux expositions personnelles, « Uma Historia de formas quebradas » et « 7/7 » à La Junqueria (Lisbonne) en 2018 et « Soudure et Mayonnaise » à la Galerie Thomas Bernard (Paris) en 2020, c’est au tour du Palais de Tokyo de présenter l’œuvre de l’artiste contemporain Kevin Rouillard dans un nouvel événement culturel intitulé « Le Grand Mur ». À la fois sculpteur et archéologue du présent, Kevin Rouillard inscrit sa pratique artistique dans un processus de récupération étonnant. Zoom sur un plasticien, qui semble questionner, avec ses grands assemblages de matériaux, la pratique artistique même : comment créer aujourd’hui à l’aune de la crise écologique ?

Après l’obtention de son diplôme à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2014, Kevin Rouillard (né en 1989) se fait rapidement repérer. Dès 2014, il est en effet exposé dans plusieurs expositions collectives – « A couteaux tirés » à la Friche Belle de Mai, (Marseille) et « Empiristes » à la Villa Emerige (Paris) en 2015 – ou personnelles – « Collision » à la Chimney gallery (New York) et « Extrait (tôle, choc) Barricade » à L'Assaut de la menuiserie (Saint-Etienne) en 2017. Il décroche aussi le Prix Fondation François de Hatvany en 2015, puis le Prix SAM Art en 2018. Aujourd’hui, il vit et travaille à Marseille.

Sculpteur contemporain, Kevin Rouillard développe un processus de création singulier : il réalise des grands assemblages de tôles monochromes à partir d’objets collectés tels que des bidons, brûlés ou dépliés. Ces panneaux métalliques très visuels évoquent à la fois le secteur ouvrier et la circulation des biens dans une économie mondialisée. Le plasticien raconte le point de départ de son œuvre et sa manière de travailler la matière en ces termes : « Un jour, mes parents m’ont rendu visite à Marseille : ils cherchaient à se procurer des bidons pour envoyer des choses au Cap Vert. […] Ces bidons sont restés un moment à l’atelier. Après leur expédition, il y a toute une chaîne de recyclage de ces contenants qui s’organise. Le bidon est démantelé jusqu’à entrer dans la composition d’autres objets ou même d’éléments architecturaux. Les artisans découpent, martèlent, aplatissent la tôle d’une façon assez similaire à ce que je fais de mon côté. »

Loin de collecter les objets de manière obsessionnelle, Kevin Rouillard les cherche, les récupère, les étudie et les travaille à la manière des artisans recycleurs. Durant son processus de création, l’artiste les transforme en des surfaces planes colorées et s’approprie ses trouvailles. Les objets ainsi métamorphosés se réinventent et se dévoilent au regard des spectateur·rice·s, tout en attestant, en creux, de l’omniprésence des objets dans la société consumériste actuelle.

Avec l’exposition « Le Grand mur » organisée dans le cadre de la première partie de la saison Fragmenter le monde, Kevin Rouillard retranscrit symboliquement sa propre vision du Mexique à travers des assemblages métalliques monumentaux afin d’offrir un autre niveau de lecture du contexte géopolitique mexicain. Il a en effet imaginé les œuvres présentées au Palais de Tokyo lors d’un séjour au Mexique, et évoque donc avec ces œuvres la barrière États-Unis-Mexique.

Pour en savoir plus, visitez les sites du Palais de Tokyo et de la Galerie Thomas Bernard.

Photographies : Vues de l’exposition « Le Grand mur » de Kevin Rouillard, Palais de Tokyo (21.02 – 17.05.2020) © Marc Domage

Léa Pagnier



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