Trois ans après l'exposition « Tiki Pop », le musée du quai Branly-Jacques Chirac fait à nouveau appel au commissaire d'exposition germano-américain Sven Kirsten. Un choix décalé pour une thématique qui l'est tout autant : « Aztec Hotel », une exposition revisitant la culture et l'iconographie du Nouveau Monde à travers des travaux archéologiques et des créations issues de la culture populaire américaine du début de XXe siècle.

Vous avez jusqu'au 8 octobre pour découvrir « Aztec hôtel », présentée à l'espace Martine Aublet du musée du quai Branly-Jacques Chirac. Cette fois, le touche-à-tout et archéologue de l'urbain, Sven Kirsten, chemise hawaïenne en effigie, s'attaque au thème de la fascination des Américains pour les cultures préhispaniques durant une courte période du XXe siècle. Un intérêt aussi éphémère – Grande Dépression oblige – qu'intense d'une nation historiquement jeune, parfois en quête d'un passé.

Ce sujet commence à intriguer Sven Kirsten dans le années 1980 suite à la découverte qu'il fait, par hasard, d'un mug aux motifs maya. Il réalise alors qu'il n'existe que peu d'informations sur la vision fantasmée de cette culture mystérieuse par les Américains, qu'il présente ici par le biais d'un corpus d'œuvres hétéroclite, allant du livre aux gravures, en passant par les pochettes de Vinyle.
Au début du XXe siècle, une partie de l'Amérique, à commencer par la Californie, se met ainsi à rêver d'aventures à travers les pyramides mexicaines, qu'elle mélange tous azimuts avec les temples aztèques qui, eux, sont péruviens. Entre les édifices de Chichen Itza et le Machu Pichu, il n'y a ici qu'un pas : celui de l'imaginaire populaire d'un peuple en recherche de racines. Le titre de l'exposition, « Aztec hôtel », un « terme parapluie », comme le qualifie Sven Kirsten, provient de ce décalage et de l'hôtel éponyme construit par l'architecte Robert Stacy-Judd à Morovia en Californie qui symbolise à lui seul un imaginaire collectif des cultures disparues par le mélange maladroit de modénatures mayas et d'un nom provenant des Andes. L'un des premiers cartels de l'exposition le rappelle d'ailleurs dès l'entrée : « C'est souvent le cas pour des appropriations esthétiques exotiques, on confond les styles distincts tout en appliquant librement la terminologie associée à l'un ou à l'autre ».

Des palais mayas fleurissent alors aux quatre coins des États-Unis : Texas, Michigan, Californie ou encore Illinois. Parmi ces bâtiments teintés d'Amérique latine figurent notamment des réalisations de Frank Lloyd Wright. Pourtant, le maître n'a jamais revendiqué cette influence et a toujours refusé d'être associé à ce courant néo qui se tarit dans les années 1930, avant d'être supplantée par la découverte des cultures asiatiques et pacifiques après la seconde Guerre Mondiale.

Sur la mezzanine de l'espace Martine Aublet, c'est une épopée anachronique et décalée qui ne nous est donc présentée. Il n'y manque alors plus que quelques lianes et une végétation luxuriante.

Exposition « Aztec hôtel », jusqu'au 8 octobre 2017, Musée du quai Branly, Paris (7e)

Pour en savoir plus, visitez le site du Quai Branly

Photographies :
01) Musée du quai Branly - Jacques Chirac. Affiche de l'exposition « Aztec hôtel ». Du 20 juin au 8 octobre 2017
02) © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Gautier Deblonde
03-06) Robert Stacy-Judd papers, Architecture and Design Collection. Art, Design & Architecture Museum; University of California, Santa Barbar



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