Centre Pompidou : Magritte, la trahison des images Le Centre Pompidou de Paris accueille une exposition consacrée à l'une des figures emblématiques de l'art moderne, René Magritte. Rassemblant des œuvres caractéristiques aux côtés d'autres plus méconnues, " Magritte - La trahison des images " aborde l'œuvre du peintre belge sous l'angle inédit de sa passion pour la philosophie. Une certaine tradition française résume l'œuvre de Magritte du label de peintre surréaliste. Pourtant, s'il s'est un temps rapproché du mouvement parisien, il en fut également rejeté, par André Breton lui-même. Une nuit de 1932, René Magritte rêve d'un œuf prisonnier d'une cage. Il en fera un tableau, Les Affinités électives, qui marque alors son renoncement à l'esthétique surréaliste, marquée par l'automatisme, l'arbitraire et le hasard. En 1938, Magritte donne une conférence intitulée La ligne de vie au Musée royal des Beaux-arts d'Anvers et présente alors une méthode raisonnée, une solution apportée aux "problèmes" de la chaise, du verre d'eau ou de la pluie. Une démarche presque scientifique qui le rapproche finalement du surréalisme belge, théorisé par Paul Nougé. L'exposition s'ouvre sur ce tournant " raisonnant " de l'œuvre de Magritte."Et bien, pouvez-vous bourrer ma pipe ? Non, n'est-ce pas. Elle n'est qu'une représentation. Donc si j'avais écrit sous mon tableau ceci est une pipe, j'aurai menti" René MagritteA partir des années 1950, René Magritte correspond avec plusieurs philosophes, parmi lesquels Chaïm Perelman et Alphonse de Waelhens qui deviendra un véritable "conseiller philosophique" pour le peintre. En 1966, Magritte découvre Les Mots et les choses de Michel Foucault avec lequel il engage une riche correspondance dont est issue Ceci n'est pas une pipe, publié en 1973 par le philosophe français. Des écrits de Magritte transparaît sa volonté d'ériger la peinture au rang de la philosophie, comme une forme accomplie d'expression de l'Esprit. Il se heurte alors à une certaine tradition philosophique qui stigmatise la relation problématique des images avec le réel et la vérité. L'exposition se poursuit en quatre chapitres introduits par des œuvres classiques illustrant quatre anathèmes dont la philosophie a pu accabler la peinture, systématiquement combattus par l'œuvre de René Magritte.Ainsi retrouve-t-on l'invention de la peinture par Pline L'Ancien, dont le texte fondateur marque l'œuvre de Magritte de trois éléments iconographiques, la bougie, l'ombre et la silhouette, et de cette profonde interrogation quant à la capacité de l'art à restituer le réel. Un thème qu'aborde également le geste de Parrhasios dont les rideaux restent un attribut récurent des peintures de Magritte. Son œuvre raisonne aussi face à l'allégorie de la caverne de Platon, qui symbolise à elle seule le rejet philosophique des images, et dont le peintre belge a souvent illustré le feu et la question de la perception depuis des espaces clos, grotte ou chambres ou maisons.Illustrations :1. René Magritte, Les vacances de Hegel, 1958, Huile sur toile, 60 x 50 cm, Collection particulière © Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / Banque d'Images, Adagp, Paris, 20162. René Magritte, La Trahison des images (Ceci n'est pas une pipe), 1929 Huile sur toile, 60,33 x 81,12 x 2,54 cm Los Angeles County Museum of Art. Purchased with funds provided by the Mr. and Mrs. William Preston Harrison Collection © Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / Banque d'Images, Adagp, Paris, 20163. René Magritte, La Décalcomanie, 1966 Huile sur toile, 81 × 100 cm, Dr Noémi Perelman Mattis et Dr Daniel C. Mattis © Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / Banque d'Images, Adagp, Paris, 20164. René Magritte, Variante de la tristesse, 1957, Huile sur toile, 50,2 x 60,3 cm, Kerry Stokes Collection, Perth © Kerry Stokes Collection, Perth / Photo : Acorn, Photo, Perth © Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / BI, Adagp, Paris, 20165. René Magritte, La Lampe philosophique, 1936 Huile sur toile, 46 x 55 cm Collection particulière © Adagp, Paris 2016 © Photothèque R. Magritte / BI, Adagp, Paris, 20166. René Magritte, Les Marches de l’été, 1938 Huile sur toile, 60 × 73 cm Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris Achat, 1991 © Coll. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Photo : Philippe Migeat © ADAGP, Paris 20167. René Magritte, La Condition humaine, 1935 Huile sur toile, 54 x 73 cm Norfolk Museums Service © Adagp, Paris 2016Magritte, La trahison des images, au Centre Pompidou, 75003 Paris, du 21 septembre 2016 au 23 janvier 2017, tous les jours sauf le mardi de 11h à 21h.Pour en savoir plus, consultez le site du Centre Pompidou. Précédent Suivant