Un lycée sans examen, sans note et à proximité d'un festival de musique ? Un rêve pour nos jeunes étudiants français, une réalité pour les habitants de Roskilde (Danemark). Installé dans une ancienne usine de béton désaffectée, l'établissement propose une éducation alternative valorisant la créativité de ses élèves et favorisant autant l'apprentissage de la guitare électrique que la compréhension d'équations mathématique.

Très peu exploité en France, le concept scandinave des lycées populaires a de doux accents utopistes. Et pourtant, ce schéma d'éducation basé sur les préceptes de l'intellectuel danois NFS Grundtvig – établi au 19e siècle –, a de quoi faire réfléchir. Partant du principe que l'éduction favorise la bonne intégration dans la société, les lycées populaires offrent à de jeunes – et moins jeunes – adultes l'occasion de prolonger leur apprentissage tout au long de leur vie en sortant des traditionnels cours d'histoire et de géométrie. Si le modèle a largement séduit le siècle dernier, il a quelque peu été mis de côté ces dernières années au profit d'écoles standardisées. C'était sans compter sur la commune de Roskilde – petite ville de la périphérie de Copenhague célèbre pour son festival de rock annuel éponyme –, qui propose de remettre au goût du jour ce concept oublié en confiant aux agences COBE et MVRDV le projet de réhabilitation d'une manufacture délaissée en un établissement flambant neuf proposant des cours de musique, de politique, d'art, d'architecture, de design ou encore de médias ou de « leadership ». Tout un programme !

« Notre conception, tout comme l'école elle-même, a été inspirée par l'esprit du festival de Roskilde. Tout est question de musique, d'art, de militantisme, mais avant tout de liberté. » Jacob van Rijs, directeur et confondateur de MVRDV

Premier établissement du genre depuis 50 ans, le lycée prend place dans le quartier de Musicon, près du site du festival, au sein d'une usine délaissée qui a rapidement séduit les maîtres d'œuvre : « Les entrepôts étaient rugueux, usés et nous les avons immédiatement aimés. Nous avons tout de suite vu un immense potentiel dans le fait d'y installer une école créative [...] Son aspect abandonné signifiait aussi que cette école ne deviendrait jamais institutionnelle, ce qui aurait pu être le cas dans un ensemble neuf », confie Dan Stubbergaard, fondateur de COBE. Soucieux de conserver l'âme du lieu, les architectes gardent volontairement les poutres et les piliers en béton de l'usine et agrémentent les épaisses parois de grandes fenêtres. Sous un plafond de 8 mètres de haut, les équipes de COBE et MVRDV imaginent deux demi-niveaux échelonnés autour d'un espace commun central dont le large escalier amphithéâtre en bois constitue le cœur.
Les espaces sont ensuite divisés grâce à un système de « boîte dans la boîte » intégrant 16 modules définissant les différents ateliers proposés par l'établissement. Chacune de ces boîtes est revêtue d'une couleur vive, les nuances servant de signalétique aux élèves et définissant la nature des enseignements dispensés : un studio de musique, des salles de danse, des ateliers artistiques etc. Une polyvalence de discipline répartie en trois zones : activités de l'esprit, du corps et la main.

Lui-même ancien élève d'un lycée populaire, Dan Stubbergaard garde ainsi le souvenir du logement sur place l'hiver, avant de rejoindre le domicile familial durant les beaux jours. Un aspect essentiel dans la doctrine de Grundtvig qui est ici réhabilité. Reliés aux espaces communs par des passerelles métalliques, les pénates des étudiants prennent place dans deux blocs annexes de quatre étages revêtu d'une double peau métallique, situés à l'avant du bâtiment principal. Chaque niveau accueille entre 12 et 15 étudiants qui sont logés dans des pièces étroites et intimistes, le tout étant agrémenté d'espaces communs comme la cuisine, la cantine ou encore des niches de travail : « À mon avis, cela contribue à renforcer la communauté, qui fait partie intégrante de la vie dans un lycée populaire. Très souvent, tout le plaisir se passe dans les petites salles, car elles ne sont pas aussi contrôlées que les salles d'apprentissage classiques. » explique Stubbergaard. Quatre maison alignées – également revêtues de métal –, sont juxtaposées à cet ensemble et hébergent quant à elle le corps professoral.

De quoi donner envie aux étudiants de bachoter sans relâche !

Pour en savoir plus, visitez le site de COBE et MVRDV

Photographies : Rasmus Hjortshøj de COAST et Ossip van Duivenbode



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