Leopold Banchini et Daniel Zamarbide: Dodge House Dans le vieux centre de Lisbonne (Portugal), la Dodge House passerait presque inaperçue... Et pourtant. C'est derrière une façade intacte, témoin de l'héritage architectural du quartier de Mouraria, que se dévoile une maison humble aux proportions singulières , œuvre des architectes Leopold Banchini et Daniel Zamarbide.Mouraria, Lisbonne. Ce centre historique a vu sa popularité croître depuis la dernière campagne de restauration et de réhabilitation. Un patchwork de façades et de ruines colorées, faites de briques, de béton, de fresques ou d'azulejos qui a transformé son ancienne réputation de bidonville en un authentique enchevêtrement architectural dans la ville. Cette dernière fait pourtant face à un marché de l'immobilier limité et tendu, qui impose aux architectes de composer avec quantité de logements denses et étriqués, le tout avec peu de moyens.C'est derrière l'une de ces façades restaurées que se cache la modeste – mais néanmoins inspirante –, Dodge House. Etablie sur 4 niveaux de moins de 40 mètres carrés chacun, la résidence réalisée par les deux architectes du projet, Leopold Banchini et Daniel Zamarbide, conserve un extérieur intact et discret pour révéler une astucieuse composition intérieure, une modernité inspirée d'Irving Gill, un architecte américain, pionnier dans le design rationnel et minimal, et occupé par des causes sociales.Avec l'économie de moyen comme ligne conductrice, les maîtres d'œuvre utilisent des matériaux locaux dans l'édification du projet. Les concepteurs ont choisi d'exploiter la force structurelle du bâtiment, en conservant un plafond en pleine hauteur dans la pièce à vivre. Celle-ci communique directement avec les trois chambres – une par étage -, disposées en mezzanines ouvertes, exploitant avec générosité le manque d'espace de la maison de 94 mètres carrés.Le mur donnant sur rue doit composer avec une devanture opaque et fermée, qui fait écho au choix des architectes de miser sur une fonction moins commercialisable du bâtiment. C'est pourquoi les ouvertures sont disposées avec autant d'intelligence sur les deux façades exploitables du projet : face à la cour, une large baie vitrée pivotante donnant sur l'espace à vivre, ainsi que des fenêtres arquées ; et sur les surfaces horizontales, des trouées apportent une lumière zénithale dans les chambres. L'espace intérieur, mélange de briques blanches et de béton, habillé de marbre grâce au mobilier, conserve une identité minimaliste dans des tons à la fois nobles et bruts.La réalisation communique la complexité du bâti avec une lecture simple et déliée d'un volume peu évident. Elle répond avec habileté aux défis que présente le contexte architectural portugais. Un bel exemple d'ingéniosité.Pour en savoir plus, visitez le site de Leopold BanchiniPhotographies : Dylan Perrenoud Précédent Suivant