Bourbouze & Graindorge : Le polygone

À Rennes (35), les architectes Gricha Bourbouze et Cécile Graindorge assurent autonomie et sécurité à des adultes en situation de handicap. Par la réinterprétation de la figure du cloître, cette structure d'accueil allie la rigueur exigée par les soins à la chaleur du foyer.

Sur une parcelle en longueur de l'écoquartier de la Courrouze, cette résidence de 55 chambres est fragmentée en trois volumes pour mieux s'insérer dans un environnement urbain peu dense. Les trois entités (de R+2 à R+4) s'articulent en U autour d'une cour, cœur planté du projet. Jouant d'une dénivelé de 1,80m sur l'ensemble du terrain, les architectes en font un jardin surélevé, plateforme libre de déambulation mais toutefois close sur son dernier côté par un bassin. Tout autour de ce vide central, une marquise en structure métallique se développe pour lier ce triptyque bâti et assurer un cheminement protégé entre les différents halls, en double hauteur.

Cette logique concentrique sous-tend toute l'organisation interne des bâtiments. Les espaces de circulations et les salles partagés se tournent toutes vers le jardin tandis que les chambres sont orientées vers l'extérieur de l'îlot. A l'intérieur, les couloirs linéaires se dilatent de part et d'autres, tantôt vers une loggia offrant un belvédère sur l'extérieur, tantôt vers des alcôves – espace plus intime avant la cellule d'habitation. Sur 18m2, chaque studio bénéficie d'une salle-de-bains privative, d'une chambre et une cuisine.

C'est dans une composition rationnelle que Bourbouze & Graindorge trouvent des espaces de souplesse et déploient leurs attentions les plus généreuses. Une assertion qui se vérifie en plan comme en élévation. Les façades porteuses, construites en double mur, sont rythmées selon une trame de 3,50m, parfois 7m. Les panneaux préfabriqués en béton teintés – d'un rouge d'ocre rappelant celui de la pierre meulière locale - sont décaissés, appuyant encore davantage ce tracé régulateur. Mais c'est dans le positionnement des ouvertures que ce dessin strict est rompu. Par un jeu entre panneaux pleins et panneaux plus ou moins percés, auxquels s'ajoutent les trois épaisses loggias en double hauteur, la façade s'anime subtilement.

Pour faire coexister l'intime et le partagé, le pragmatisme médical et la liberté d'usage, l'ordonnance et le mouvement... tout est jeu d'équilibre et de transition pour Bourbouze & Graindorge.

Le projet est sélectionné pour les ADC Awards 2019 dans la catégorie Santé

Pour en savoir plus, visitez le site des ADC Awards et de Bourbouze & Graindorge. 

Photographies : Clément Guillaume