Du 11 décembre 2018 au 31 mars 2019, le Petit Palais (Paris, 8e) retrace le parcours de l'architecte Jean-Jacques Lequeu en présentant ses différentes œuvres graphiques, relativement méconnues jusqu'à présent. Un doux voyage entre frustration créatrice et onirisme...

Originaire de Rouen et élevé par une famille de menuisiers, Jean-Jacques Lequeu (1757-1828) reçoit une formation de dessinateur technique. Son talent est repéré par le grand Jacques-Germain Soufflot – architecte français et grande figure du mouvement néo-classique – qui lui donnera l'opportunité de travailler sur l'église Sainte-Geneviève – actuel Panthéon. Par la suite, les bouleversements révolutionnaires font disparaitre la clientèle de Jean-Jacques Lequeu, si bien qu'il demeure employé au bureau du Cadastre. Ainsi, il continue de dessiner monuments et autres projets dans l'espoir que ses conceptions sortent un jour de terre. Parallèlement, il met sur papier tout un monde qu'il dévoile à travers le prisme de l'architecture, s'émancipant des entraves pratiques sachant pertinemment que ses réalisations ne seront jamais construites.

C'est donc une carrière riche, sur fond de frustration que le Musée des Beaux-Arts de Paris illustre grâce aux 150 dessins mis en lumière dans un parcours thématique imaginé par le commissaire Laurent Baridon. Un rang de portraits très expressifs – fruits d'une recherche sur le tempérament et les émotions – marque le début de l'exposition. Ils sont suivis d'espaces dédiés aux projets d'architecture imaginés par Jean-Jacques Lequeu et qui n'ont jamais abouti ou qui ont été interrompus. Ensuite, le regard est invité à se poser sur une série d'édifices libérés des contraintes techniques aux allures chimériques peuplant des paysages imaginaires : le visiteur est ainsi dirigé de temples en buissons, de grottes factices en palais, de kiosques en souterrains labyrinthiques. Exemple éloquent parmi d'autres, Porte de l'ermitage, est un dessin à l'univers hétéroclite qui fait du paysage l'élément phare, s'enrichissant d'ornements tels que des fausses ruines ou des édifices imités de l'Antiquité comme de contrées lointaines.

Enfin, l'exposition se termine sur une série de dessins érotiques aux influences esthétiques antiques et naturalistes. Il faut dire que le mariage de l'architecture et de la sexualité a particulièrement inspiré l'artiste, comme l'illustre le dessin Il est libre – sélectionné d'ailleurs comme visuel de l'exposition. Un bâtiment aux murs d'une douceur laiteuse, comme celle de la peau de la sculpture de femme nue incorporée dans l'alcôve. Une invitation à découvrir, à travers le dessin, le royaume rêvé d'un architecte qui ne demandait que de passer de la page blanche, au projet fini...

Pour en savoir plus, visitez le site du Petit Palais 

Photographies : BNF



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