L'architecte espagnol Josep Lluís Mateo est fasciné par l'habitat en milieu hostile, ou comment sur un site inspirant un sentiment d'insécurité l'Homme édifie un refuge ? Une interrogation qui a poussé le fondateur de Mateo Arquitectura à mener une étude prospective questionnant les rapports entre construction et paysage, à travers trois exemples frappants : l'île, le désert et la montagne.

Au-delà de l'édification, l'architecture est une application concrète du rapport de réciprocité existant entre un lieu et la vie qui l'habite. Un lien indestructible que Josep Lluís Mateo pousse à son paroxysme dans des endroits lointains, peu propices à l'accueil de populations. Ici, pas de projet concret, mais de la méditation, des questionnements sans réponse.

« Dans un paysage où rien n'existe officiellement (...), absolument tout devient pensable et peut donc se produire. » Reyner Banham, auteur et critique

Agissant comme un chercheur, Mateo se penche sur trois types d'environnements, à commencer par l'île, soit un espace fini, clos, qui soulève d'importantes problématiques. Cerné par l'eau, tantôt rocheux, tantôt fait de sable, ce site si particulier limite donc nécessairement le champ des possibles. L'homme (en tant que constructeur) doit alors s'y installer respectueusement, en développant un langage vernaculaire propre.

Le désert, lui, se situe à l'opposé de cet espace insulaire clos puisqu'il est justement caractérisé par des étendues incommensurables et son immensité. Ainsi, établir un lien entre le désert et la construction relève ici de l'exercice acrobatique puisqu'il s'agit de produire un objet à partir d'un élément infini. Pourtant, de tout temps, les tribus peuplant ces surfaces de sable ont su adapter leur habitat à un environnement hostile avec pour premier soucis celui de leur protection. De bouts de bois et de simples morceaux de tissus sont nés des abris, ensuite améliorés par de l'argile, des roches, soit les ressources disponibles in situ

Enfin, l'étude de Josep Lluís Mateo se termine par une analyse de la montagne, un lieu à part. Chargés de significations, les sommets sont les derniers points séparant la terre du ciel, et dans bien des cultures cette culminance sont le symboles de contacts directs avec des divinités. Bien qu'inhospitalière de prime abord, l'altitude ils ont pourtant vu défiler de nombreux peuples, nomades ou sédentaires – les berbères en Afrique du Nord, les sherpas au Népal, ou encore les Yao en Chine. Des groupes qui ont su s'adapter à l'irrégularité topographique et s'y façonner un foyer.

De quoi porter un regard plus aiguisé sur la discipline, trop souvent associée à un mode de vie citadin.

Pour en savoir plus, visitez le site de Mateo Arquitectura

Photographies :
1) DR
2) Pizzo Tambo, Graubunden
3) Khor Al Adaid, Qatar © Krunoslav Ivanisin
4) Tindaya, Fuerteventura, 1985, Eduardo Chillida



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