Au centre de la Chine, dans la province du Sichuan, les falaises de Qianfoya renferment un trésor national datant de 1 700 ans : quelque 400 grottes taillées dans la roche et leurs 1 700 statues de bouddhas. Pour protéger ce patrimoine d'exception, une équipe transdisciplinaire de l'Institut de recherche et de design architectural de l'Université de Tsinghua a développé une structure expérimentale conçue pour limiter au maximum son empreinte sur ce terrain si fragile.

Pour préserver les falaises de Qianfoya d'une érosion certaine, la National Administration of Cultural Heritage a décidé en 2014 de classer l'ensemble de ce site et d'en protéger la zone nord par un projet expérimental, réécriture des habitations vernaculaires en tuiles disposées à flanc de colline. Le résultat est un abri contemporain perché à 36 mètres de hauteur au-dessus de la rivière. Pour une meilleure intégration paysagère, cet habillage qui reprend les teintes de la roche est destiné à être colonisé par la mousse.

L'ensemble de 410 mètres carrés consiste en une enveloppe poreuse ouverte sur l'extérieur, hébergeant deux plateaux longitudinaux accessibles à leurs deux extrémités, au nord et au sud, divisés par une faille centrale et reliés entre eux par des escaliers. Au-dessus de ces espaces de circulation et d'observation s'étirant sur 45 mètres se trouve un volume cubique offrant un point de vue dégagée sur les œuvres millénaires taillées dans la roche.
Le choix d'une peau respirante, utilisée à la fois en toiture et en habillage mural, a de quoi surprendre pour la protection d'un site patrimonial. Il est pourtant le fruit de longues phases d'expérimentations et d'observations initiées dès les années 1980, afin de trouver le moyen de conservation le plus adapté au site.

Le THAD CHCC (Architectural Design and Research Institute of Tsinghua University Culture Heritage Protection Center), spécialisé dans les réhabilitations et de la conception de lieux d'exposition, aussi bien traditionnels que contemporains, en est ainsi venue à la conclusion que la meilleure manière de préserver les fresques et reliefs consistait à limiter l'influence du vent et du soleil, sans les bloquer totalement, contrairement à la pluie bien entendu. Il ne restait donc plus qu'à trouver la meilleure forme d'expression mêlant subtilement ouverture et fermeture sur l'extérieur. Après une étude du site, il a été décidé d'installer une couverture ajourée ponctuellement. Conformément aux modèles de calculs, la façade ouest est donc recouverte de tuiles grises locales qui font office de brise-soleil, tout en atténuant les effets négatifs du rude climat du nord du Sichuan caractérisé par de fortes pluies en été et d'importantes rafales de vent en hiver.

Afin d'abîmer le moins possible la falaise, cette peau ajourée repose sur cinq portiques métalliques disposés en porte-à-faux et qui ne touchent le relief rocheux qu'en partie basse de la montagne, dépourvue d'œuvres à protéger. Le tout repose sur des fondations de 18 mètres de profondeur creusées à la main durant le chantier afin de limiter les vibrations. L'étanchéité entre la roche et l'habillage de tuiles est alors assurée par une couvertine translucide simplement posée sur la roche.

S'il était une figure de style, cet ouvrage de protection et de médiation culturelle serait un euphémisme. Des fondations à la toiture, il consiste en effet en une atténuation des éléments naturels, le tout dans un projet tout en délicatesse.

Photographies : Wu Ji

Pour en savoir plus, visitez le site de l'Université de Tsinghua



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