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Fragment reconstitué du paysage malouin, l'immeuble des Terrasses du Rocher développe une typologie riche et complexe, offrant à tous ses résidents une grande diversité d'habitat. Plus qu'un bâtiment, c'est un village entre boulevard et jardin de dunes qui s'est construit sur les ruines d'une ancienne imprimerie. Un projet conçu par l'atelier Loyer pour le groupe Giboire, qui met le zinc à l'honneur (VMZINC).

Depuis une trentaine d'année, les centres urbains perdent leurs industries. La fermeture, où, dans le meilleur des cas, le transfert des usines vers des zones suburbaines, libère de grandes emprises foncières qui deviennent souvent l'objet d'opérations d'aménagement d'envergure. A Saint-Malo, les terrains de l'imprimerie Billon, fermée définitivement en 2009 après 81 années d'activité, ont été réaffectés à la construction d'un ensemble de logements. Bénéficiant de sa proximité avec le centre historique, à moins de deux cents mètres à vol d'oiseau, et d'une position restant centrale au regard de l'agglomération, le site se prêtait particulièrement bien à la réalisation d'appartements en accession. La municipalité a supervisé cette opération, réalisée par un opérateur privé, le groupe Giboire, maître de l'ensemble
du foncier. Soucieuse de diversité architecturale, elle a imposé au promoteur l'organisation d'un concours entre deux équipes d'architectes, consultation dont l'atelier Loyer est sorti lauréat. Le projet de l'agence rennaise adopte une typologie
inédite, que l'on peut qualifier d'hybride. Côté sud, le long d'un boulevard en cours d'aménagement, l'immeuble à l'aspect d'un R+4 monolithique et
longiligne. La façade nord, par contre, est une étrange colline faite d'un enchevêtrement de petites maisons rappelant l'architecture locale. Le nom de l'opération, les terrasses du Rocher, reflète cette proposition atypique.

Une construction complexe mais en règle :

La volumétrie est conforme au PLU, explique l'architecte. Le règlement autorisait à monter jusqu'à trois niveaux plus un étage d'attique sur le boulevard. L'immeuble atypique obéit donc bien à la réglementation urbaine en vigueur, l'examen du plan confirmant une nouvelle fois qu'une grande rigueur est à l'origine de cette composition pittoresque. Une trame de murs de refend en béton espacés de six mètres forme la
structure porteuse du bâtiment et règle le plan des appartements. Côté boulevard, de grands appartements de 3 ou 4 pièces avec terrasse linéaire. Côté nord,
où un jardin inspiré des dunes a été aménagé, on retrouve les maisonnettes et leurs terrasses, qui sont en fait des appartements de deux pièces.

Du zinc pour "accrocher le ciel"

"Au final, le bâtiment compte bien plus de béton que de zinc", constate Philippe Loyer. Pourtant, depuis la rue, les surfaces métalliques semblent faire jeu égal avec les murs d'enduit blanc. C'est, comme bien souvent, la convergence de critères multiples qui a conduit l'architecte au choix du zinc, dans un contexte ou l'ardoise règne. Le projet initial prévoyait une façade entièrement recouverte de différents types de zinc prépatinés. L'architecte désirait jouer sur les différences de teintes, mais à la demande du maire, il dut réduire la part métallique de l'enveloppe, puis revint finalement à une seule teinte de zinc gris clair, le QUARTZ-ZINC. Pas de regret de la part de Philippe Loyer. "J'aurai pu utiliser un zinc anthracite, plus proche de l'ardoise, mais je trouve que la teinte grise accroche beaucoup mieux le ciel de Bretagne. Par beau temps, le zinc offre du contraste, et les jours de grisaille, les toitures semblent se fondre dans l'horizon".

Le zinc n'habille plus l'ensemble de la façade, mais reste bien visible, en partie sans doute à cause d'une disposition du PLU, qui oblige l'utilisation de toiture en pente sur 70 % de la couverture. Il recouvre entièrement les « maisons sur le toit » occupant le niveau d'attique, et les « cabines » de la façade nord. Tantôt c'est le chéneau qui vient sur la façade, tantôt un pignon : ce jeu qui anime la volumétrie du bâtiment fait écho à la diversité des maisons malouines, qui adoptent indifféremment ces deux options. La variation facilite l'intégration de cet ensemble moderne dans un contexte plutôt traditionnel. L'architecte compare volontiers la façade nord à une sorte de prélèvement du paysage environnant.

L'enchevêtrement des toitures et des terrasses était un autre élément plaidant en faveur de l'emploi du zinc « dans ces typologies complexes, les eaux pluviales doivent être parfaitement gérées. Pas question de déverser les trop-pleins d'eau sur la terrasse du voisin du dessous ! L'eau est conduite jusqu'au sol par un réseau continu de chéneaux et de gouttières, entièrement réalisé en zinc », observe P. Loyer, non sans rendre hommage à l'entreprise de couverture QUEMARD, qui a constamment fait des suggestions pour résoudre les nombreux cas particuliers inhérents à la typologie complexe du projet. Philippe Loyer a engagé la seconde phase de l'opération, sur la parcelle attenante. La logique de diversité se poursuit. Ici des maisons seront fondées sur un bunker désaffecté. Depuis leurs fenêtres, les nouveaux arrivants contempleront peut-être les terrasses du rocher avec un brin d'envie, en pensant à ces résidents passant des vacances sans fin dans leurs drôles de cabanes de plages.

Les Terrasses du Rocher ont remporté l'ArchiDesignClub Award 2016 de la catégorie Logement / Collectif

Pour en savoir plus, visitez le site de l'Atelier Loyer et de VMZINC.

 

 

 



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