Paul Le Quernec : Origami, centre Socio-culturel à Mulhouse L’agence Paul Le Quernec Architectes vient de livrer "Origami", un centre Socio-Culturel à Mulhouse. Un bâtiment à l’architecture expressive qui accompagne la transition d’une cité populaire de la ville.Sur une surface de 1250 m², les architectes ont cherché à s’éloigner au maximum de l’ancien centre Socio-Culturel, et cela passait par la création d’une forme rythmée qui se tiendrait au milieu des austères barres de logements. Ce volume aux lignes tendues rappelle aussi la volonté de dynamisme de ce nouveau lieu de partage et d’échange. Bardé d’un système d’écailles en zinc prépatinées noir, le volume se dresse dans le paysage renforcé par des notes roses fluo qui provoquent le contraste. De larges trouées parsèment la façade et créent de nombreux effets de transparences et de vues traversantes, une solution pour baigner le bâtiment de lumière naturelle. A l'intérieur, le rez-de-chaussée se compose de deux parties indépendantes pouvant fonctionner ensembles. L'étage accueille quant à lui des terrasses et patios accessibles au public et protégés des regards par une monumentale résille noire. Sur ce projet, Paul Le Quernec Architectes précise :"CONTEXTE Le projet se situe en plein cœur d’une cité populaire de Mulhouse. Ce quartier fait actuellement l’objet d’un programme d’amélioration du cadre de vie des habitants. Cette politique se mène sur deux fronts: Le premier, «privé», avec la démolition / reconstruction ou restructuration de logements. Le second, «public», avec la construction (ou la reconstruction) d’équipements publics, ici en l’occurrence un espace socio-culturel. Ainsi ce nouvel équipement participe au nouveau visage du quartier faisant le nouveau front bâti de la rue d’Agen avec l’espace petite enfance, les nouveaux logements, la future place, et le futur grand parc. Il sera d’ailleurs l’articulation de cet ensemble. Son emplacement est aussi stratégique que son programme est symbolique. Enfin, la parcelle allouée est serrée, et impose une rigueur d’implantation ne pouvant déroger à la nouvelle structure urbaine. CONCEPT N’ayant pas le choix quant à l’implantation ou l’orientation, le programme occupant toute la parcelle, nous nous sommes concentrés sur la fonction d’un espace socio-culturel avant d’en étudier le fonctionnement. La visite du vieux centre socio culturel nous a aussi servi de support de réflexion, à la manière d’une pellicule photo qui aurait la particularité de porter les images en négatif. Un espace socio-culturel incarne l’esprit d’initiative et de solidarité. Un tel bâtiment a un rôle fédérateur au même titre qu’une église de quartier… à la différence près qu’il ne réunirait pas nécessairement des croyants mais «des gens qui y croient». Il est alors fondamental d’en valoriser le contenant et le contenu, c’est pourquoi nous pensons qu’en ce lieu, pour ce programme, il faut un bâtiment à l’architecture expressive, symbole de la métamorphose profonde du quartier. Après avoir posé les premiers éléments de programme sur le plan de parcelle nous avons constaté que ce dernier était rempli comme un œuf… Ce qui a fait naître une irrépressible envie de «sortir du cadre». Deux raisons justifient cette intention. La première est d’éviter de faire de ce bâtiment une «boîte parallélépipédique» au milieu des austères barres de logements. La seconde est la simple volonté d’exprimer le dynamisme de l’espace socio-culturel et de ses usagers. Le rez de chaussée est composé de deux parties que l’on peut faire fonctionner ensemble ou séparément. Ces dernières sont sagement et rigoureusement alignées entre elles et sur les limites de la parcelle. En s’érigeant, ces deux parties se tordent à l’étage, en échappant à l’emprise de la parcelle, elles cherchent à s’orienter vers le parc comme les fleurs se tordent pour chercher la lumière. Il en résulte un volume déformé par une force positive, évoquant la contenance d’une énergie demandant à s’exprimer… C’et aussi cela l’esprit d’initiative. Nous ne limitons pas ces intentions à un effet d’enveloppe, et la conception intérieure s’appuie sur les mêmes principes. Par effet d’opposition, l’ancien centre socio culturel nous a guidé dans la conception. Nous avons pris soin d’éviter les situations de confinement, et nous avons minimisé les effets de couloir. Par ailleurs nous avons attaché une grande importance à la facilité d’orientation du visiteur dans le bâtiment. Pour ce faire, nous avons mis en place de nombreux effets de transparences et de vues traversantes. Ces dernières offrent une multitude de repères extérieurs ou intérieurs, tels que le parc, la place, les terrasses, etc… De plus ces ouvertures apportent une lumière de qualité jusqu’au cœur du bâtiment, et ne fait pas des surfaces de circulation, des espaces de seconde zone, architecturalement pauvres, bien au contraire. C’est une façon supplémentaire de valoriser les visiteurs et les usagers. CONFORT & SECURITE Conscients des désagrément que peut connaître le quartier (vandalisme, voiture bélier, regroupements sauvages, etc…), nous avons mené une réflexion sur la façon d’en prémunir le bâtiment. Partant du principe que les dispositifs manifestes de protection (tels que gros rideaux de fer, plots béton, barres de fer anti voitures, etc…) sont une manière de rappeler à tout le monde que nous sommes dans un quartier sensible, et donc contribuent directement à dévaloriser l’image du quartier. Alors que faire? Nous avons imaginé des douves végétales pour protéger le pied du bâtiment. A la demande de la maîtrise d’ouvrage, pour renforcer sa carapace initialement prévue en enduit, nous avons imaginé un système d’écailles en zinc (prépatiné noir faute de pouvoir se payer de l’inox) sur voligeage bois, et les éléments vitrés ont été répartis en modules de 1,5 à 2 m2 pour éviter les trop grandes et trop convenues baies vitrées. L’ensemble de ces dispositifs produit un bâtiment reptilien imposant une forme de respect intuitif. Une fois le bâtiment «protégé» nous pouvons nous pencher sur son confort d’usage. Pour que la salle polyvalente fonctionne véritablement comme une salle des fêtes par exemple, nous avons pris la liberté d’y ajouter un petit espace vestiaire / guichet / billetterie, ainsi que d’aménager un espace d’attente en conséquence pour correctement canaliser l’affluence des visiteurs. Pour que son autonomie soit complète, nous offrons par ailleurs la possibilité d’accès au reste du bâtiment par la façade EST, permettant le fonctionnement simultané mais séparé des deux entités. A l’étage, la convivialité des terrasses / patio accessibles au public, protégés des vues extérieures par une résille noire monumentale permettant néanmoins de voir sans être vu depuis la place ou le parc. Elles permettent entre autres à la cuisine pédagogique d’être dehors par beau temps ou même de déplacer une réunion / formation à l’extérieur. Enfin, nous entendons favoriser le cadre de vie du bâtiment par des vues les plus agréables possibles, majoritairement réparties entre les vues panoramiques sur le parc et les patios avec des vues plus intimes."Photographies : © 11h45 Pour en savoir plus visitez le site de Paul Le Quernec Architectes. Précédent Suivant