A Gournay-en-Bray, l’agence Vincent Parreira Atelier d’architecture a requalifié un site occupé par l’ancienne usine de confection Damau. Nommé "l’Atelier", ce nouveau projet accueille un espace culturel comprenant une médiathèque et une maison des associations culturelles.

Les deux enjeux de cette opération étaient d’imaginer un nouveau bâtiment contemporain et d’assurer la lisibilité entre le projet et le bâti existant. Pour conserver l’authenticité du lieu et son histoire, les architectes ont préservé les murs d’enceinte en pierre, et construit un bâtiment relié à l’existant par un hall. Le choix minutieux des matériaux comme l’ardoise violine, la résille de cuivre et le mélèze s’accordent avec le patrimoine local et provoquent des points de vue et des perspectives inattendues.

 

Sur ce projet, l’agence Vincent Parreira Atelier d’architecture précise :

"Au centre-ville, proche de la Place d’Armes, la ville de Gournay-en-Bray lance une opération pour la construction d’un espace culturel comprenant une médiathèque et une maison des associations culturelles. Ce nouvel équipement sera implanté sur le site occupé par l’ancienne usine de confection Damau. Cette opération devra à moyen terme se compléter d’une salle de spectacle, sur une parcelle mitoyenne.

L’ atelier, nommé ainsi en mémoire des ateliers de l’usine Damau, répond à deux enjeux majeurs :
– ériger un bâtiment contemporain en fond de parcelle en redéfinissant la relation avec son environnement naturel (jardins, venelles, murs mitoyens en pierre) et bâti (bâtiments nobles, abris traditionnels, héberges de caractères, etc.),
– assurer la lisibilité entre le projet et le bâti existant en cadrant les vues depuis les entrées principales et secondaires.

Le projet se structure selon différents objectifs :
– la conservation de l’ensemble des murs d’enceinte en pierre et du verger ;
– la construction d’un bâtiment « scindé » en deux entités rattachées par un hall commun comprenant la maison des associations culturelles qui elle-même rassemble les écoles de musique, d’art, de danse, de peinture et une médiathèque.
– l’alchimie entre une architecture contemporaine et les usagers, soit une pratique adaptée aux volumes généreux.

La parcelle forme un écrin, habitée par le décor des héberges, elle permet ainsi à l’espace culturel une mise en scène exceptionnelle. Chaque façade des nouveaux bâtiments offre à la déambulation un regard différent, des surprises. Entre l’existant et le projeté, les cadrages et les perspectives deviennent inattendus, plissés par le découpage en plan qu’offre la limite de propriété. Des éléments fédérateurs mettent en valeur le patrimoine local et s’accordent à respecter l’environnement offert. Les murs d’enceintes, comme les pignons donnant sur la parcelle, proposent des silhouettes et des tableaux urbains qui dessinent le paysage.

Bâtiment signal
Reprenant en pignon le gabarit du logement existant, le bâtiment appelé « Signal », se caractérise par son habillage en résille métallique de cuivre. Pour marquer l’identité du lieu nommé L’atelier, en mémoire des ateliers de l’usine Damau aujourd’hui démolis, une enseigne verticale composée de 8 lettres (4 mètres de haut) en PMMA (thermoplastique transparent) a été installée à 4 mètres 50 du sol. Afin de la rendre lisible au contact de la « semi-transparence » de la résille, la signalisation est rétro-éclairée, émettant une lumière douce et diffuse, non éblouissante. Ce bâtiment « non étanche » a pour fonction principale la signalisation sur la rue du centre culturel. En effet, celui-ci n’ayant pas de vocation commerciale, l’enseigne devient l’outil de communication culturel de la ville de Gournay-en-Bray. La signalétique repose sur une relecture contemporaine des signes, en clin d’oeil aux graphismes publicitaires remarquables des enseignes qui ont façonné par le passé le paysage des communes françaises. L’usage de ce bâtiment est essentiellement donné au gestionnaire. Aucun public ne peut y entrer. A l’intérieur du bâtiment, on trouve le nouveau poste de transformation EDF, des plateformes techniques permettant l’affichage ponctuel.

Espaces culturels
Point d’ancrage du projet et signal fort de l’équipement, le nouveau bâtiment s’inscrit en parfaite corrélation avec l’urbanisme du coeur de ville. Hier, des corps bâtis longilignes à deux pentes, aujourd’hui un archétype contemporain habillé d’ardoise violine, où s’ancrent ponctuellement et, suivant la nécessité du programme, des volumes cadrant le paysage. Cette forme en plan très caractéristique de la ville de Gournay-en-Bray, devient la filiation entre l’ancien et le nouveau, une réinterprétation libre, un langage contre la vulgarité et le clinquant. Le bâtiment se compose d’un rez-de-chaussée (médiathèque et école de danse), d’un premier étage partiel (école de musique) et d’un sous-sol partiel (locaux techniques) accessible par l’extérieur.

Le hall commun
Lien visuel avec le jardin, il est l’unique accès public. Volontairement implanté en H au centre de la parcelle, il relie les deux corps principaux du programme. Le corps de la Maison des associations se pose et s’inscrit dans le prolongement de la bâtisse existante qui offre son pignon comme attache. Le hall est vitré et dégage un espace généreux pour l’accueil d’expositions. Il sert également de filtre permettant de contrôler l’accès aux diverses activités.

La médiathèque
Elle s’organise autour d’un parcours à travers les âges. A l’entrée se trouve l’espace de consultation adulte et plus l’on pénètre dans la profondeur du bâtiment, plus l’on se rapproche des espaces dédiés à l’enfance. Le travail sur la charpente offre des volumes presque « cathédrale », laissant la lumière abonder dans les salles, apaisante.

Le jardin
Accentués par la pente du terrain, les plantations autour des bâtiments se développent simplement par un engazonnement « sauvage » de type prairie : trame basse de vivaces, plantes à fleurs en masse linéaire ou prairie sèche « d’amérique du sud ». Le jardin « patio » au coeur de la Maison des associations culturelles et de la médiathèque est proposé comme un territoire de plantations, « un jardin de fleurs à couper ». Librement composé par les associations ou par des prestataires extérieurs, cet espace recueillera un patchwork de plantes grasses, de plantes de hautes tiges, de plantes fleuries, de massifs, de plantes médicinales et sera traité comme une prairie, gérée en entretien doux par des fauches occasionnelles. L’ancien verger a été conservé. A côté des cerisiers existants, des bouleaux viennent rythmer le paysage.

Les salles de musique
Le premier étage est entièrement voué à l’enseignement musical. Les salles d’enseignement sont conçues autour d’une rue intérieure, à caractère urbain.

L’école de danse
Elle est située à l’extrémité de l’aile gauche, dans son pli. Elle s’enchâsse dans le bâtiment principal, avec légèreté et élégance. Elle conserve le même langage architectural que le bâtiment principal ou le bâtiment signal, à savoir une couverture et un bardage en ardoise violine, des volets de résille métallique, et de larges ouvertures vitrées, en référence aux proues du bâtiment. Par l’implantation de ces grandes ouvertures en façades et en toiture, les salles de danse conservent une grande luminosité tout en se protégeant des regards extérieurs.

L’ardoise violine
De forme homogène, le matériau proposé pour l’enveloppe des archétypes est une pierre naturelle : l’ardoise violine, en provenance du Canada. Celle-ci est mise en oeuvre de façon très traditionnelle par des compagnons du devoir. Elle est souvent réservée aux bâtiments prestigieux mais employée ici dans une architecture aux formes pures et franches, masquant les chéneaux, sans débords de toiture. L’ensemble (façades et toitures) provoque une continuité visuelle forte. L’enveloppe d’écailles créée par l’ardoise, le jeu des reflets du schiste, permettent à la teinte naturelle violine de se rapprocher davantage de l’aspect végétal que minéral. On retrouve ainsi la dimension poétique qui subsistait dans les jardins / cours de l’ancienne usine Damau.

La résille de cuivre
Les amples façades vitrées se revêtent parfois d’une résille métallique en cuivre afin d’habiller les grands volumes et baies transparents afin de créer l’intimité ou un effet de brise-soleil. Cette résille présente ponctuellement en rez-de-chaussée, s’érige sur toute la hauteur du pignon sud protégeant la grande salle de réunion des regards. De plus, elle dialogue avec le bâtiment-enseigne de l’entrée. Les pointes de diamant des cassettes de cuivre rigidifient celles-ci et les rendent vivantes. Les portails extérieurs d’accès sont en cuivre plein.

Le Mélèze
Les « boîtes saillantes », dédiées aux salles de lecture, à la salle de consultation pour les enfants et à l’espace du conte, sont composées d’une vêture en bois de mélèze d’épaisseur variable. Les larges percements sont agrémentés de stores textiles extérieurs pour leur protection solaire."

Photographies : Luc Boegly

Pour en savoir plus, visitez le site d’AAVP



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