Elsa Bleda : Jo’Burg À travers ses photographies nocturnes oniriques, la jeune artiste Elsa Bleda réussit un tour de maître : donner à Johannesburg (Afrique du Sud) des airs de métropole asiatique. Inspirées du cinéma de Wong Kar-wai, de Dario Argento ou encore de David Lynch, ses prises de vues nous transportent dans un univers mystique qui se révèle à la lumière des néons.Née en France, puis baladée de capitales européennes en capitales européennes par sa mère, Elsa Bleda pose ses valises en Afrique du Sud à la fin des années 2000. Un pays qu'elle ne quittera plus, et pour lequel elle développera une affection particulière. Une fascination qui s'exercera notamment dans l'une des villes les plus peuplées du continent : Johannesburg.Un territoire complexe marqué sur le plan architectural par des constructions Art Déco datant des années 1930, puis des gratte-ciels des années 1970 ; un territoire surtout meurtri par la politique menée durant l'apartheid. Un passé trouble que l'on devine dans les photographies d'Elsa Bleda. Certaines zones sont surpeuplées et continuent de vivre la nuit tandis que d'autres deviennent complètement désertes, comme inhabitées. Une disparité due à la ségrégation qui a fait rage dans le pays et qui a chassé les populations noires en dehors du centre-ville et, bien que ces pratiques soient désormais révolues, les séquelles n'en sont pas moins présentes. C'est ce qui intéresse la photographe qui, dans son travail, transforme ces parties isolées de Jo'Burg en endroits fantasques et hors du temps, poussant ainsi le spectateur à s'interroger sur l'histoire de chaque cliché et du contexte qu'il présente, à se forger une réalité alternative. De l'immeuble brutaliste à la façade Art Déco, en passant par l'échoppe du quartier chinois, l'artiste capture un monde chimérique dont elle seule connait les codes.« Nos perceptions sont des mondes différents. [...] Elles sont surréalistes. Dystopiques. Non naturelles. Et insaisissables. Je me sens bien en étant insaisissable. » Elsa Bleda, photographeUne esthétique cinématographique à la Blade Runner – que l'artiste cite d'ailleurs fréquemment comme l'une de ses principales sources d'inspiration –, qui utilise la couleur comme moyen d'expression et vecteur d'émotions. Entre lumières azures et rues rougeoyantes, ce traitement des nuances renforce l'onirisme caractéristique du travail d'Elsa Bleda.Une invitation au voyage dans un monde à son image : insaisissable.Pour en savoir plus, visitez le site de Elsa BledaPhotographies : Elsa Bleda Précédent Suivant