La rue Myrha a été ouverte en 1848, sur 9 puis 10 mètres de large, permettant la construction de petits immeubles de rapport en plâtre de R + 3 + attique en retrait. Au delà des modénatures et des matériaux, ce caractère de faubourg tient essentiellement à la petite taille des parcelles, à la régularité des percements, à des volumes simples, à la variation de hauteurs des bâtiments, à des effets d’échelle et de pignon, et à une gamme très limitée de matériaux et de coloris. 

L’opération consiste en la réhabilitation lourde de l’immeuble du 5 rue Myrha et son extension par la démolition des bâtiments au 7 rue Myrha et 32 rue Affre et une nouvelle construction d’angle, qui permet de réunir 14 logements sociaux collectifs et un commerce au rez-de-chaussée. Réunir les parcelles permet d’avoir un développé de façade sur rue plus important, souvent nécessaire pour des rez-de-chaussée commerciaux, et de travailler le traitement à l’angle de la rue Myrha et de la rue Affre. 

Un travail important de mise en valeur de la façade existante est réalisé : remise en état des structures bois, remplacement de l’enduit à l’identique, remplacement à l’identique des volets extérieurs et des menuiseries bois, rénovation des garde-corps sur la façade côté rue Myhra. 

Pour souligner la continuité entre le bâtiment existant et son extension neuve, un profilé en acier marque les hauteurs d’étage et prolonge les corniches de l’immeuble du 5 rue Myrha. Ces lignes horizontales structurent la façade alternant panneaux minéraux rectangulaires de hauteur d’étage et menuiseries verticales surmontées d’une imposte minérale. Ce système de façade s’interrompt au niveau de l’ancien immeuble du 32 rue Affre. Afin de conserver la trace de l’ancien parcellaire, l’expression architecturale de cette façade est modifiée. Un bardage métallique de même nature que le soubassement est percé d’une large baie coulissante à chaque niveau. Cette modification de la façade permet une transition plus douce avec la façade de l’immeuble voisin. 

Pour marquer l’angle de l’immeuble et offrir aux séjours qui s’y trouvent une vue cadrée sur le Sacré Cœur, une grande fenêtre est prévue dans le biais. Un léger mouvement de décalage entre les niveaux théâtralise l’angle et souligne la superposition des étages. 

Afin d’optimiser la surface utile des logements et l’organisation du bâtiment, l’escalier existant est supprimé au profit d’un noyau de circulation verticale situé dans le bâtiment neuf et commun aux deux bâtiments. Chaque palier d’étage est éclairé naturellement sur cour et dessert 3 logements par niveau. Les logements sont soit traversants, soit en situation d’angle. 

Pratiquant une architecture sans faux-semblants, l’Atelier Téqui Architectes concentre sa recherche sur la justesse et la subtilité de ses propositions. Son travail sur la matière demande une expérience prolongée, une curiosité suivie, une attention aux réalisations passées. Il s’agit de connaître les besoins vitaux du matériau et sa constitution propre pour en anticiper le vieillissement.

C’est ainsi que le temps qui passe apporte sa patine au projet. Cette architecture, en renouant avec l’histoire, vise la pérennité de la construction. Elle se sublime dans l’épaisseur, l’épaisseur de la matière mais aussi l’épaisseur historique et la densité du territoire. 



Visuels © : Charly Broyez 

 



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