La conception d’une prison n’est jamais chose facile. Plus qu’un simple ouvrage architectural, « c’est avant tout une question sociologique et politique », précisent les architectes de LAN, en charge de la construction d’un bâtiment à double usage : un quartier de Semi-liberté et les services pénitentiaires d'insertion des Hauts-de-Seine. Focus sur un ensemble aux multiples problématiques gérées avec brio.

L’univers carcéral est un monde bien complexe pensé, bien souvent, en dehors de tout tissus urbain. Entre décentralisation et murs d’enceinte, tout est mis en œuvre pour exclure les prisons de la vie citoyenne. Les architectes de l’agence parisienne LAN partent alors de ce constat pour inscrire leur projet dans le 21ème siècle, avec les questions sociétales qui accompagne notre époque. Un seul mot d’ordre ici : « l’ambition d’estomper le sentiment d’hétérotopie entre la ville et l’enclos du pénitencier ».

La première caractéristique de ce projet réside dans un regroupement inédit de deux programmes bien distincts rassemblés dans un ensemble en forme de L. Alors que le siège des services pénitentiaires d’insertion et de probation des Hauts-de-Seine (SPIP), installé dans le front bâti, permet de garantir un suivi des détenus, le quartier de semi-liberté (QSL), développé en cœur d’îlot, assure à des condamnés de jouir d’un régime particulier leur permettant de quitter la prison dans le but de s’investir dans un projet de réinsertion, prévenant ainsi les risques de récidive et facilitant leur sortie finale.

Le projet s’inscrit dans une zone urbaine dense où cohabitent logements pavillonnaires, grands ensembles et bâtiments industriels. Depuis la rue, la construction apparaît comme un grand monolithe en acier corten à l’angle de deux rues, percé en façade Sud par l’entrée du Quartier de semi-liberté. Un espace de transition reliant intérieur et extérieur est quant à lui surplombé d’une structure en porte-à-faux.

Le Quartier de semi-liberté s’illustre aussi par un playground coloré et un jardin planté visible des cellules et accessibles via le rez-de-chaussée. Placées à ce niveau, les salles communes – réfectoire, salle de musculation, médiathèque et laverie – s’ouvrent sur la promenade.

Une conception neuve du milieu carcéral qui ouvre de nouvelles perspectives bienvenues.

Intitulé du projet : Quartier de semi-liberté et Siège du Service pénitentiaire d'insertion et de probation des Hauts-de-Seine
Lieu : Nanterre (92)
Maîtrise d'ouvrage : Ministère de la Justice, Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice
Maîtrise d'œuvre : LAN
Surface : 4 350 m² SDP
Montant des travaux : 13 000 000 € HT
Calendrier : Livraison 2019

Pour en savoir plus, visitez le site de LAN architecture

Photographies : Cyrille Weiner

Zoé Térouinard



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